Description

La journée d'étude propose d'interroger conjointement l'émancipation et la créativité dans les processus d'éducation et de formation ainsi que dans la production de travaux de recherche qui s'y rapportent. Le thème retenu résulte d'une mise en dialogue des problématiques travaillées par les PRT3 (Socialisations, Cultures et Inégalités Éducatives) et PRT5 (Épistémologies et méthodologies : hybridations en sciences de l’éducation et de la formation). L'appel à communication est ouvert à l’ensemble des membres du CREAD.

Organisation

La journée d'étude se tiendra le vendredi 10 mars 2023 de 9h à 12h30 à Brest et Rennes en présentiel et distanciel (précisions concernant les horaires et lieux à venir).

Salle sur le campus Villejean : N 105 (Attention modification)

Nouvelle salle : Salle INSPE, site de Rennes : A 14

Participer

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Communiquer

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Ces propositions prendront la forme d'un résumé sous la forme d'un dépôt de 3500 signes maximum dont bibliographie, à soumettre avant le 10 février 2023 (voir espace "Mes dépôts" dans la colonne de gauche, qui apparaît une fois connecté.e)

Si vous souhaitez faire partie du comité scientifique ou d’organisation de la journée, n'hésitez pas à l'indiquer à partir du lien ci-dessous : https://evento.renater.fr/survey/je-emancipation-et-creativite-tudu83ai

   

Calendrier

Date limite de réception des propositions : vendredi 10 février 2023

Retour sur les propositions de communication : vendredi 17 février 2023

Texte de l'appel à communication

Dans la continuité des travaux du séminaire 2021-2022 du Programme de Recherche Thématique Socialisation, culture et inégalités éducatives (PRT 3) consacré aux thèmes de l’émancipation et de l’autonomie et des travaux du Programme de Recherche transversal Epistémologie et Méthodologie (PRT 5) sur l’hybridation des objets et méthodes de recherche en Sciences de l’Education et de la Formation, les deux PRT ont le plaisir de vous inviter à participer et à communiquer à la journée d’étude Émancipation et créativité, qui se déroulera le vendredi 10 mars 2023 (salles et horaires à préciser).

Travaux d’appui : émancipation et (in)égalités (PRT3), émancipation dans les pratiques de recherche (PRT5)

Dans le cadre du séminaire du PRT3, l’intervention de X. Riondet a permis d’identifier et d’analyser l’histoire et l’actualité des scènes de l’émancipation pédagogique, et de celles qualifiées d’alternatives. Il a également questionné l’enjeu et les formes de l’hospitalité de l’école et le statut de l’égalité (et critique des inégalités) à l’arrière-plan de ces pédagogies.  Françoise Lorcerie a interrogé dans une perspective critique et socio-politique, la construction et les usages du mot diversité. Usages ambigus puisque s’ils sont systématiquement associés à un discours positif sur cette diversité, ils actualisent la séparation insiders/outsiders, ils refondent un rapport inégalitaire tout en esquivant la désignation communautaire, ethnique, raciale, religieuse. Françoise Lorcerie identifie ainsi, sinon de nouveaux processus de stigmatisation, de nouveaux attributs constitutifs du stigmate. En creux, l’émancipation devient capacitée à résister au processus de stigmatisation. Nicolas Go a interrogé quant à lui, les conditions de l’émancipation à travers le rôle possible des principes d’autorisation et de coopération tout en interrogeant les injonctions à l’autonomie des élèves. Il a aussi conceptualisé le passage d’une perspective en termes d’inégalités au processus de l’égalité.

En ce qui concerne le programme de recherche transversal Épistémologie et méthodologies : hybridations en Sciences de l’Éducation (PRT5,) la notion d’émancipation a émergé au sein de plusieurs espaces de travail. Que ce soit en lien avec la programmation scientifique du séminaire HybridationS en 2021 ou encore en lien avec la Journée d’études Méthodologies de la recherche de juin 2022, cette notion a été travaillée de diverses manières.

D’une part, il apparaît que les travaux de CREAD questionnent de diverses manières la question de l’émancipation à l’égard des méthodologies et canons de la recherche : soit en mobilisant des données moins usuelles, soit en couplant des méthodologies rarement habituées à dialoguer, ou encore en rassemblant différents types d’acteurs autour d’une démarche de recherche.

D’autre part, plusieurs thématiques abordées en premier lieu, au sein du PRT5, par le biais de l’analyse des méthodes sous-jacentes, ont trait à la question de l’émancipation, abordée à l’aune de différents appareils conceptuels. Par exemple, des travaux menés par le collectif de recherche en lien avec les systèmes hybrides image texte sons (SHTIS) ont interrogé les conditions de l’égalité des genres en classe, dans le cadre de recherches coopératives en didactique. Les travaux sur l’accès et la réussite dans l’enseignement supérieur dans le contexte de la mise en œuvre de Parcoursup questionnent l’effet des déterminants socio-scolaires et leur évolution dans le temps dans une perspective socio-ethnographique mobilisant également l’analyse statistique. La présentation des travaux relatifs à l’épistémologie des croyances ont permis d’interroger la manière dont les curricula scolaires façonnent les apprentissages des élèves et les initient ou non à une démarche scientifique.

 

Questions posées pour la journée d’étude

La journée d’étude ambitionne de prolonger cette réflexion, autour du rôle de la créativité dans les processus de construction et de transformation de pratiques mues par différentes conceptions de l’émancipation et des inégalités. Quels sont ces processus ? Comment traversent-ils les lieux de formation, les institutions éducatives et, plus largement, nos sociétés ? Incités à mettre en place des pédagogies innovantes censées développer les capacités créatrices des élèves (au sens le plus générique de « ceux qui apprennent ») dans une perspective émancipatrice, comment les acteurs de l’éducation conçoivent-ils et prennent-ils en charge les injonctions à l’innovation et à la créativité ? De quoi ont-ils vocation à émanciper le public qu’ils ont en charge ? Comment pensent-ils leur propre émancipation et leur créativité pédagogique dans un jeu d’assujettissements institutionnels (Douglas, 1999) dont les contours sont souvent difficiles à identifier ?

 

Quelques pistes pour penser la créativité dans une perspective d’émancipation

En accueillant une large diversité d’approches en sciences humaines et sociales, cette journée d’étude a vocation à éclairer le rôle et la place de la créativité au sein des processus d’émancipation, dans leur mise en tension dialectique avec une aliénation constitutive de toute expérience d’éducation et de formation (Bourgeois, 2013), où le défilement des objets qui traversent la forme scolaire classique (Vincent, 1994) laisse parfois peu de place et de temps à l’expression de la créativité des enseignants et des élèves. En outre, La créativité fait partie, « dans une rhétorique de l’innovation, […] de ces choses dont tout le monde parle et que personne ne connaît » (Innerarity, 2015, p.181), assimilée dans le sens commun à une capacité à imaginer ou à construire et mettre en œuvre de nouvelles idées ou solutions à un problème, dans une sorte d’imprévisibilité dont la genèse semble échapper à l’analyse. Il s’agira lors de cette journée de dépasser cette vision capacitaire afin de réfléchir aux conditions d’émergence et de développement de la créativité dans une perspective d’émancipation, au sein de différentes sphères sociales et éducatives.

 

Axe 1 : Créativité et émancipation dans les pratiques sociales : quelles conditions ? quels effets ? quels appareils théoriques et méthodes pour les documenter ?

Si la créativité peut être stimulée par une quête de dépassement des limites qui circonscrivent certains usages parfois résistants aux changements (Joas, 2001), son exercice nécessite l’intégration du sens culturel des pratiques et des logiques à l’œuvre dans leur déploiement. Pour reprendre Piaget (1983), on peut dire que cette intégration suppose celle des (co)possibles et nécessaires pour agir. Permettre l’exploration concrète de divers résultats, procédés et buts possibles semble ainsi pouvoir favoriser le développement de la créativité par l’expression et la reconnaissance de manières de faire s’écartant des cheminements habituels.

L’axe 1 s’intéressera aux conditions du développement de cette expression et de cette reconnaissance de la créativité à l’œuvre dans des pratiques émancipatrices, au sein de différentes sphères sociales (ex. monde du travail, institutions éducatives, recherche scientifique, …). Il permettra tout d’abord de donner à voir et de livrer une analyse des méthodes et appareils conceptuels mobilisés pour rendre compte de ces processus. L’accent pourra éventuellement être mis sur les emprunts à plusieurs disciplines contributives des Sciences de l’éducation et de la formation. Il s’agira par ailleurs de mettre au jour les processus en jeu. Comment les différents acteurs concourent-ils à l’émergence et à l’essor de ces pratiques ? Quels moyens mettent-ils concrètement en œuvre pour favoriser des démarches et postures créatrices ? Quels effets cela a-t-il sur leur propre émancipation et sur celle des publics auxquels ils s’adressent ? Comment l’émancipation y est-elle conçue, que ce soit en tant que moteur ou visée du développement personnel et professionnel des individus et des collectifs ? Quelles inégalités d’accès à des pratiques créatrices et émancipatrices peut-on identifier ? Comment, le cas échéant, sont-elles prises en charge ?

 

Axe 2 : Construction sociale de l’émancipation : quels contours pour cette notion protéiforme ?

Les critères qui déterminent les inégalités et l’attention publique qui va les visibiliser ou les ignorer ne sont pas des données naturelles mais des construits sociaux (Duru-Bellat, 2002). Cette construction connaît aujourd’hui un moment de redéfinition des objets de lutte ou de résistance, qui redessinent les mécanismes de domination au-delà des rapports de classes définies, faisant apparaître des mécanismes partiels dans des sphères sociales variées laissant les individus à des positions ambigües (Fischbach, 2010). L’émancipation, pensée dans le cadre du PRT3 comme un objet en soi plus que comme une catégorie d’analyse, a cherché à être interrogée dans l’évaluation de sa porosité à ces jeux de redéfinitions de ce qui fait inégalité et de ce qui produit ces inégalités. L’émancipation s’exerçant contre les rapports de domination, elle devient dépendante de la perception de ceux-ci, posant ainsi la question du référentiel à l’aune duquel est étudiée l’émancipation (Caillé et al., 2015)

 

Axe 3 : Domination : espaces de construction et transformations

L’attention des chercheurs en sciences sociales s’est abondamment portée sur la mise à jour de l’éventail des mécanismes de domination, sur leurs transformations, les espaces de leurs exercices et sur les différentes catégories d’acteurs les produisant et les subissant et la pluralité de leurs positions en fonction des sphères sociales. Pour autant, l’émancipation a souvent été laissée en creux à travers la recherche de ce qui empêche de déterminer ses actions ou les conditions de celles-ci. Tout comme pour les rapports de domination, la réflexion sur les conditions de l’émancipation est soumise au questionnement conjoint de l’épistémologie et du politique. Qu’en est-il de la part des structures et de l’expérience sociale subjective et de leur articulation ? Qu’en est-il de la relation du scientifique et du politique dans l’identification des conditions de l’émancipation, de l’intensité de leur volonté de se réifier réciproquement ? L’émancipation se construit-elle en objet scientifique comme un autre ?   

L’espace scientifique de production de la recherche n’étant pas à l’abri de ces phénomènes, comment ces derniers se traduisent-ils dans la structuration de la production scientifique ? Quelles sont néanmoins les marges d’émancipation ? Quelles en sont les conséquences et les coûts ?

 

Axe 4: Initiatives éducatives au service de l’émancipation : quelles créations ?

Dans les classes, les établissements, les différents espaces éducatifs, qu’en est-il des rapports à l’émancipation, des initiatives au périmètre plus ou moins étendu dans les discours et les pratiques face à ce nouveau paysage des mécanismes de domination ?

Cet axe questionne la manière dont les professionnels de l’éducation font face à ce nouveau paysage en développant leur ingéniosité pédagogique et didactique, dans un art de faire ou de réinventer le quotidien (De Certeau, 1990) de leurs pratiques éducatives. Cet axe accueillera des contributions ou témoignages de pratiques éducatives inventives ou de dispositifs favorisant l’inventivité des professionnels et du public pris en charge, développant leur potentiel de créativité.

 

Références citées :

Bourgeois, É. (2013). Entre aliénation et émancipation : les figures du sujet de l’expérience. Travail et Apprentissages, 12, 79-93. https://doi.org/10.3917/ta.012.0079

Caillé, A., Chanial, P. & Tarragoni, F. (2016). S’émanciper, oui, mais de quoi ? Revue du MAUSS, 48, 5-28. https://doi.org/10.3917/rdm.048.0005

De Certeau, M. (1990). L’invention du quotidien. Gallimard.

Douglas, M. (1999). Comment pensent les institutions. La Découverte.

Duru-Bellat, M., (2002). Les inégalités sociales à l’école. Genèse et mythes. PUF, coll. « Éducation et formation ».

Fischbach, F., (2010). Manifeste pour une philosophie sociale. La Découverte.

Innerarity, D. (2015). Démocratie et société de la connaissance. Presses universitaires de Grenoble.

Joas, H. (2001). La créativité de l'agir. Dans : Jean-Michel Baudouin éd., Théories de l'action et éducation (pp. 27-43). Louvain-la-Neuve: De Boeck Supérieur. https://doi.org/10.3917/dbu.baudo.2001.01.0027

Piaget, J. (1983). Le possible et le nécessaire. Tome 2. PUF.

Vincent, G. (dir.) (1994). L'éducation prisonnière de la forme scolaire ? Presses universitaires de Lyon.

   

 

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